samedi 19 février 2011

News archéologiques sur Tyr

   Plusieurs chapitres, parmi les plus impressionnants de l'AT, sont consacrés à la ville de Tyr par le prophète Ezéchiel (ch. 26-28). Avec un panache que j'admire, il prononce l'oraison funèbre de la ville... alors qu'elle est encore debout. Il écrit notamment:
"Comment as-tu péri, disparu des mers, ville célèbre, qui fut puissante sur la mer, elle et ses habitants qui répandaient la terreur sur tout le continent? (26.17 BJ)

   Au chapitre suivant, le prophète s'adresse à Tyr au moyen de la métaphore d'un navire:
"Tyr, c'est toi qui disais: 'Je suis un navire d'une parfaite beauté'
En pleine mer s'étendaient tes frontières,
Tes constructeurs ont parfait ta beauté..." (27.3-4)

   Il faut se rappeler que Tyr était alors une île au bord de la côte phénicienne (Liban actuel), et que c'est Alexandre le Grand qui en a fait une presqu'île pour l'assiéger (ce qu'elle est encore aujourd'hui, cf. la photo ci-dessus).
   Eh bien du côté de l'archéologie, il y a du nouveau. Un des derniers numéros (73/2-3, Juin-Septembre 2010) de la merveilleuse revue Near Eastern Archaeology est en grande partie consacrée aux fouilles au Liban. Vous pouvez lire les résumés des articles ici.
Les Phéniciens sont bien sûr réputés pour leur activité maritime à travers la Méditerranée, et on sait qu'ils ont fondé une colonie à Carthage. Mais si le port de cette dernière ville est bien connu, on n'avait jusqu'à récemment presque rien retrouvé des ports de la côté phénicienne elle-même.  Il devait pourtant en exister à Tyr, Sidon, Byblos, Beirouth... Les sources classiques mentionnent même deux ports à Tyr, un au Nord et l'autre au Sud. Depuis les années trente du XXe s., on pensait entrevoir des restes du port Nord, mais cela n'a été confirmé qu'en 2005.
   Mieux, dans l'un des articles de NEA ("New Light on the Phoenician Harbor of Tyr"), I. Nourredine fait part de ses propres découvertes lors d'une recherche sous-marine: il a pu inspecter et cartographier deux rangées parallèles formant une jetée. Certaines pierres portent des marques de maçonnerie, qui datent au plus tard de l'époque perse, et peut-être de l'âge du Fer. Nourredine pense qu'il s'agit de restes du port phénicien du 8e ou 7e s. La date reste donc à confirmer par des analyses ultérieures, mais c'est un vrai progrès!