... est paru il y a quelques semaines dans la collection des Cahiers de la Revue Biblique, une publication de l'Ecole biblique et archéologique française de Jérusalem:
Le testament d'Elisée. Texte massorétique et Septante en 2 Rois 13,10-14,16, Cahiers de la Revue Biblique n°76, Pendé, Gabalda, 2010.
C'est une version révisée d'un mémoire écrit à Jérusalem pour le diplôme d'"élève-titulaire" de l'Ecole biblique, ainsi que pour l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres qui m'avait octroyé une bourse. Je l'avais rédigé durant ma deuxième année de mon doctorat, et il s'agissait d'une partie intégrante de ma thèse (environ 20% du total; le reste devrait faire l'objet d'un autre livre).
Il s'agit d'une recherche de critique textuelle (la discipline consistant à comparer les manuscrits de la Bible et permettant de s'approcher le plus possible de l'original).
J'examine dans ce livre les trois témoignages principaux du texte biblique dont nous disposons pour la section 2 Rois 13.10-14.16, qui concerne le roi Joas d'Israël:
1) le texte hébreu "traditionnel" (dit massorétique), dont les manuscrits datent du Moyen-Âge;
2) la traduction grecque dite des Septante, effectuée avant notre ère;
3) la traduction latine de cette dernière (la Vieille Latine), qui date du début de l'ère chrétienne.
Les chercheurs se sont rendus compte que le texte hébreu que les traducteurs hellénisants de l'Antiquité avaient sous leurs yeux est parfois plus proche de l'original que notre texte hébreu traditionnel, qui a subi ici et là des modifications. Mais dans certains cas, le grec a lui-même été corrigé dans un second temps en prenant modèle sur l'hébreu... ce qui fait qu'on y a reporté les altérations. On regarde alors un témoignage antique indirect, la Vieille latine (traduction latine de la traduction grecque de l'hébreu!), qui a parfois échappé aux modifications.
Ce type de situation, où le texte hébreu sous-jacent au grec (et indirectement au latin) est plus proche de l'original que le texte "traditionnel", se produit tout particulièrement dans les livres de Samuel-Rois, et mon étude montre que cela semble bien être le cas dans la section que j'étudie. Le résultat le plus spectaculaire serait le suivant: dans le dernier épisode impliquant Elisée, avant sa mort, le roi qui le visite ne serait pas Joas mais Jéhu: le passage se trouvait initialement, comme dans un manuscrit latin, au chap. 10 et non au chap. 13! Cela demeure une hypothèse, et je reste prudent dans la conclusion de mon ouvrage, mais cela colle bien avec les données.
PS: Les chercheurs connaissent ce genre de phénomène dans le NT, parce que la péricope de la femme adultère (Jean 7.53-8.11) ne se trouve pas au même endroit dans tous les manuscrits, et est absente des "meilleurs".